4000 km
Il y a deux ans, Doro et moi même
avions parcouru le tour des Alpes Européennes à tandem. Cette année là, nous
avions découvert les joies du voyage international. Depuis, l'idée d'aller au
Québec nous trottait dans la tête.
Nous sommes partis début juillet. A
Roissy, nous avons enroulé les tubes des vélos avec de la mousse épaisse. Air
Canada acceptait jusqu'à 32 kg sans supplément de prix. Le vélo de Doro avec les
bagages pesait 28 kg. Le mien 30.
Après un vol sans histoire, nous avons
atterri à Mirabel près de Montréal. La pendule du hall d'accueil indiquait 14
heures (20 h à notre horloge interne).
Le camping le plus proche de
l'aéroport se trouve à Saint Canut. L'après midi, nous y avons planté notre
chère mono-mât. La tente, c'est notre chez nous pendant deux mois. Elle vaut
bien mieux que toutes les chambres d'hôtels !
Nous sommes allés ensuite chez le «
dépanneur » pour acheter de quoi manger. (Le dépanneur est plus cher que
l'épicier car il est ouvert toute la semaine avec des horaires continus : 6 à 23
heures...). Nous sommes passés devant un « débosseleur » qui vendait des
voitures « usagées » !
Nous étions avides de voir, de
découvrir, d'apprendre ce pays. Au cours des jours suivants, notre attention fut
toujours en éveil. Nous étions totalement dépaysés.
Les gens
Très
vite, nous avons fait des connaissances sur la route. Tout d'abord des
cyclo-campeurs. Cette « race » se développe beaucoup dans cette province
française du Canada. Aller dans un pays étranger où il n'y a pas de barrière
linguistique est merveilleux.
Avec les Québécois, nous avons discuté
de tout. Du tourisme, de la politique, des problèmes économiques, du scolaire,
de la nature, du temps qu'il fait... En un mot : de leur vie. J'aime leur accent chantant, leur
simplicité, leur chaleur, leur calme.
Les routes
Nul besoin d'avoir une carte
détaillée. Celle offerte par le gouvernement est très bien.
Les routes importantes du Québec sont
bonnes mais beaucoup trop larges dans l'ensemble. Le réseau n'est pas dense, et
bien souvent lorsque nous quittons la route principale, nous nous retrouvons sur
un chemin de terre. Au Québec, l'hiver est long. Le gel et la fonte des neiges
abîment les routes. L'entretien des voies coûte très cher. Ceci explique
pourquoi elles ne sont pas toutes revêtues. Il ne faut pas oublier que la
population de ce pays est de six millions d'individus seulement.
Les automobilistes sont courtois et le
trafic est limité, surtout lorsqu'une autoroute longe la route. Par contre, nous
n'avons pas du tout apprécié les poids-lourds. Là-bas, ce sont des monstres.
Quand ils nous doublent, on a l'impression qu'ils nous frôlent et même qu'ils
nous aspirent tellement ils sont énormes. Et ce n'est pas le ridicule « écarteur
de danger » qui va les faire dévier...
Les villages
Il nous a fallu un certain temps pour
nous habituer aux « villages » : souvent tout en longueur, parfois de plusieurs
kilomètres. Ils sont constitués de maisons en bois, peintes de couleurs vives.
La clôture n'existe pas. Les commerces sont souvent dans des maisons identiques
aux autres.
Les Québécois de la campagne ne
connaissent ni la mitoyenneté ni le collectif. Les pionniers avaient toute la
place qu'ils voulaient lors de leur installation. Ils leur suffisaient de
défricher des bois et de construire leur cabane.
L'étape
Les campings sont chers : entre cinq
et neuf dollars, mais ils sont très agréables. La notion de surpopulation
n'existant pas, les emplacements sont très grands. Dans les camps, à chaque
emplacement, il y a une table et un foyer pour le feu. On trouve également des
laveuses-sécheuses. Inutile de transporter des rechanges...
Durant notre séjour, nous avons fait
étape dans des auberges de jeunesse. Il n'y a pas de limite d'âge. Dans la
plupart, nous pouvons camper. Parfois, elles sont peuplées d'une « faune » un
peu spéciale mais dans l'ensemble nous en avons été satisfaits. C'est un lieu de
rencontres entre gens du voyage : beaucoup de motards et de stoppeurs. Pour
trois ou quatre dollars on y mange correctement.
Je ne vous conseille pas de prendre
les dortoirs car il est toujours difficile de pouvoir se coucher tôt en
collectivité. Il faut avouer que dans ces auberges, on y rencontre beaucoup de
Français. Ils font du « pouce » pour visiter. La vie du stoppeur n'est pas
génial et je préfère me déplacer sur ma bécane !
Une anecdote
En arrivant à l'auberge de Cap aux Os
près de Gaspé (Gaspésie), nous demandons à la québécoise de l'accueil si nous
pouvons camper. Elle nous répond que c'est impossible. Nous décidons de prendre
une chambre.
Elle nous donne les fiches à remplir
puis elle me demande si j'ai un « slip »... Je regarde Doro, laquelle semble aussi
surprise, et avec un grand sourire je réponds que j'en ai un... mais dans une de
mes sacoches. En effet, nous roulons en cuissard. Je lui demande alors pourquoi une
telle question. Avec un « slip » c'est cinq dollars sinon c'est six me
répond-elle très sérieusement...
Plus tard nous aurons l'explication. «
slip » était en fait « sleep » de sleeping bag ou si vous préférez sac de
couchage ! Même au Québec on fait de
l'anglicisme.
L'itinéraire
Le Québec est un pays venté. Le vent
dominant est du sud-ouest. Il vient des grandes plaines des USA et il est très
fort. Quand il tourne à l'Est, vous pouvez être sûr que dans les heures qui
suivront il pleuvra.
Le vent nous a beaucoup aidé de Montréal vers la ville de Québec puis vers la
Gaspésie.
Nous avons parcouru cette région dans le sens contraire de ce qui est habituel
(c'est à dire en commençant par le Sud). Ainsi, nous n'avons pas été gêné par la
circulation qui reste cependant assez faible. En Gaspésie il ne fait jamais très
chaud contrairement à Montréal (l'océan tempère).
Nous avons traversé le fleuve Saint
Laurent à Matane. Entre Godbout et Baie-Comeau, c'est très beau et très sauvage.
Nous y sommes arrivés début août.
La Côte
Nord en juillet est infestée de moustiques. Nous avons été piqués surtout par de
minuscules petites bestioles, les brûlots, qui se nichent dans le cou et
derrière les oreilles.
Une des plus belles vues que nous
ayons admiré se trouve à Tadoussac.
De là, nous avons fait le tour du lac Saint
Jean. Nous avons appréciés Péribonka et Val Jabert.
Nous avons ensuite parcouru la belle
région du Charlevoix puis nous sommes revenus dans la ville de Québec pour
revoir des amis que nous nous sommes fait.
USA - Vermont
Nous sommes allés pédaler aux USA par
curiosité mais aussi pour grimper quelques routes qui mènent à des cols. Au
Québec, il n'y en a pas et étant membre du club des 100 cols, je me fais un
plaisir de franchir quelques cols par an.
C'est en allant dans le Vermont que
nous nous sommes rendus compte à quel point les canadiens sont américanisés.
C'est une région très jolie. Nous y
avons rencontré une multitude de cyclistes américains qui dans l'ensemble sont très
bien équipés.
En conclusion
4000 Km pour le plaisir !
Le Québec n'est pas un pays
merveilleux pour ses paysages. C'est son peuple qui rend cette province si
attachante.
Lecteur, je peux te donner un conseil
: si tu désires aller au Québec, n'y vas pas en groupe. Tu serais déçu car tu
passerais à côté de l'essentiel.
Daniel CLERC
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