arte.tv/l-invention-du-luxe-a-la-francaise/
Réalisation : Stéphane Begoin
Si la France symbolise
le luxe sur le marché international, elle le doit à Louis XIV et son
ministre Colbert. Un passionnant retour sur plus d'un siècle
d'innovation scientifique et technique, mais aussi d’espionnage
industriel.
À la veille de la
Révolution française, toute l'Europe accourt dans la capitale du
luxe pour s’approvisionner en draps fins, porcelaines de Sèvres,
miroirs de Saint-Gobain, soieries lyonnaises, dentelles d’Alençon et
autres témoignages éclatants d'un savoir-faire admiré dans toutes
les cours du continent. Plus de deux siècles plus tard, la France
reste un symbole international du luxe, entre haute couture,
cosmétiques et grands vins, mais on a oublié qu’elle le doit à
l’ambition de Louis XIV et à la vision de son ministre Colbert, qui
ont créé de toutes pièces un appareil industriel sophistiqué pour se
lancer à la conquête des marchés. Car en 1665, le royaume est
exsangue. Le budget militaire assèche des finances déjà mises à mal
par une sévère crise économique. Alors qu'il devient indispensable
de créer des emplois, la France importe deux fois plus qu’elle
n’exporte. De la Chine à Venise en passant par les Pays-Bas, chaque
contrée garde précieusement le secret de sa spécialité. |
Face à ces
difficultés, le Roi-Soleil innove résolument, en choisissant de
développer des industries d’exception. Fer de lance de la politique
mercantiliste du gouvernement, le luxe se développe à travers les
manufactures royales grâce à l’innovation technique et scientifique
et à de nouvelles formes de savoir-faire et de travail. Mais son
essor repose aussi sur des méthodes moins avouables : espionnage
industriel, débauchage systématique et, au besoin, rapt pur et
simple.
Basses œuvres et haut de gamme
Ce choix du haut de
gamme, fût-ce au prix de quelques basses œuvres, va s’avérer
doublement payant, en renflouant les caisses de l’État et
contribuant au rayonnement du souverain et de son royaume. Entre
excellence industrielle, évolution économique, légende dorée et
nouvelles sociabilités, Versailles impose le luxe français en Europe
pour plusieurs siècles. À la fin du XVIIIe siècle, le goût du faste,
apanage de la noblesse, laissera place à un nouvel art de vivre "à
la française" dont s’empare une bourgeoisie en plein essor, tandis
que ses produits phares s’exportent désormais dans le monde entier.
De l’origine des glaces de la fameuse galerie du château de
Versailles, conquises de haute lutte par Colbert en Italie, à la
longue quête de la perfection en matière de fabrication textile,
Stéphane Bégoin retrace, dans un récit fourmillant de détails et
d’anecdotes, la palpitante genèse de l'industrie du luxe. Rythmé par
des gros plans sur de précieux objets d’époque et des scènes de
reconstitution éloquentes, son film entrelace les analyses et
témoignages d’une multitude d’intervenants (archivistes, historiens,
plasticiens...) avec de riches archives, notamment iconographiques.
|