4000 km à tandem
Nous avons longuement hésité entre
les vélos et le tandem pour ce périple en cyclo-camping autour des Alpes. Notre
choix portera finalement sur le tandem.
Malgré des ennuis mécaniques
probables, malgré une moindre capacité à monter et à manœuvrer, le tandem
réserve des joies que seul ceux qui le pratiquent peuvent connaître : union du
couple dans l’effort et dans la fatigue, dialogue plus aisé sur les routes, pas
de problèmes d’attente dans les cols, meilleur rendement sur le plat.
Et également pour la réaction que
cet engin suscite partout : des milliers de sourires, des exclamations, de la
curiosité, de l’étonnement, de l’envie. « Oh, un tandem ! Oh, un vélo à deux
places ! Ah, c’est ce qu’il nous faudrait ! Celle à l’arrière, elle appuie pas !
»
Au total, un chargement de 25 kg
sur un tandem de 20 kg. Bien sûr, porte-bagages avant surbaissé.
Le
départ
Nous
sommes partis le 8 juillet. Le voyage a failli s’achever deux kilomètres plus
loin ! En effet, peu habitué au chargement, j’ai fait un brusque écart et l’élan
nous a emporté de l’autre côté de la route. Par bonheur, aucune voiture n’a eu
la mauvaise idée de nous écraser. La conduite du tandem demande toujours un
certain temps d’adaptation quand il est très chargé.
La
traversée de la France
Les
jours suivants, les points de contrôle BPF (Brevet des Provinces Françaises)
nous ont conduit à Noyer, Montréal et Châteauneuf qui sont tous les trois des
villages Moyenâgeux.
La traversée de la Côte d’Or n’est qu’une formalité : elle se résume en une
longue côte puis une jolie descente sur Beaune. La vallée de la Saône n’est pas
enthousiasmante mais au moins c’est plat. Puis très vite, nous abordons le Jura.
La
Suisse
Le
sixième jour, la Suisse nous apparaît. Nous traversons Genève sans encombre puis
nous longeons le lac Léman par la rive française. De Saint Maurice à Martigny,
la route est malheureusement importante. C’est l’inconvénient de ces voyages
internationaux. On est parfois contraint de prendre les grands axes. A partir de
Martigny, nous suivons une petite route dans les vignobles.
Lors d’un arrêt, en vérifiant la
tension des rayons, je m’aperçois que le flanc du pneu arrière commence à se
déchirer. Nous roulons quand même jusqu’à Visp pour nous rapprocher du Simplon.
Là, nous trouvons un pneu de rechange. Du coup, mon inquiétude disparaît.
Le
Simplon
Le
15 juillet, sera pour nous une grande et surtout dure journée. Ce matin là, il
pleut. Sur la piste cyclable, à la sortie du camp, un petit vieux à vélo nous
interpelle. Il nous déconseille d’aller sur la nationale et nous indique une
minuscule route qui va jusqu’à Brig. Voilà un saint qui nous a évité l’enfer !
J’avais lu un récit du docteur
Ruffier. Il avait gravi avec sa femme et à tandem les pentes du Simplon. Dès le
début, ils avaient mis pied à terre. Ils enlevèrent les dix derniers kilomètres
sur leur machine. Ruffier était un champion, une force de la nature. C’est dire
que je ne mésestimais pas cette ascension. Ce docteur avait comme braquet de
base 48/20 et un développement de secours de 44/24. Nous, nous avions un 28/28
et pas du tout de secours !
Je dois dire que cette montée de 23
km fut une véritable épreuve de force. Sur 2 m 04, cela peut paraître ridicule
mais avant de juger, essayez !
Nous avons donné 20 000 coups de
pédales dans le brouillard et nous y sommes arrivés. J’aime l’effort mais pas la
souffrance. Cette montée se situait juste à la limite.
L’Italie
Frigorifiés
par la descente du col, nous arrivons à Domodossola. Sitôt arrivés dans cette
ville italienne, nous nous dirigeons vers la poste pour retirer de l’argent. Là,
un postier nous fait comprendre qu’il faut aller à la poste principale qui
n’est ouverte que le matin... Imaginez une ville peu accueillante sous une pluie
battante, un ciel d’encre, un froid de canard et deux cyclistes épuisés, en
pleine fringale et sans une Lire... Je crois que sur la joue de Dorothée,
quelques larmes se sont mêlées aux gouttes de pluie. Pour finir, nous apprenons
qu’il n’y a pas de camping ici. Dans ce naufrage, Doro a tout à coup une idée
lumineuse : « On va à l’hôtel et au restaurant ! Ainsi, nous pourrons chercher
de l’argent demain ». Le moral remonte instantanément.
L’étape suivante nous conduit
jusqu’à un petit camping tout au nord du magnifique lac Majeur. Ce camp avait la
particularité de n’être jamais complet, du moins du point de vue du
propriétaire. Il ne voyait que l’aspect rentabilité et entassait les tentes
indéfiniment !
La route qui longe ce lac est très
éprouvante. Mes yeux sont rivés à la route pour ne pas être aplati par les
camions italiens à remorque. Doro, elle, peut satisfaire son tempérament
contemplatif. C’est un gros avantage pour le passager de ne pas se soucier du
pilotage. Souvent, elle me signale des choses intéressantes et je jette un œil.
Cela ne l’empêche pas de serrer les fesses quand un « gros cul » nous frôle !
Le calme revient quand nous
abordons la monotone plaine du Pô. Pendant cette période, nous abattrons environ
150 km par jour sur le 50/21. C'est un braquet qui nous convient bien.
Dans cette région, nous souffrons
de l’absence de carte détaillée. Nous disposions d'une carte au 1/600 000° et
c’est nettement insuffisant quand on prend les petites routes.
Cyclotourisme
à l’Italienne
Ce
midi, le treizième depuis notre départ, entre Crémone et Vérone, nous finissons
de manger tranquillement au bord de la route quand un important peloton précédé
par une voiture nous dépasse. Tout d’abord, je crois à une course mais l’allure
relativement lente, les signes amicaux me font revenir sur mon jugement hâtif.
Précipitamment, nous rangeons les affaires, refermons les sacoches et la chasse
commence ! Nous mettrons trois kilomètres avant de les rattraper. Auparavant,
nous aurons doublé le camion balai, lequel contient trois cyclistes ayant
abandonné ; une dizaine de voitures suiveuses avec quatre cyclistes fatigués
(mais n’ayant pas abandonné !) accrochés aux différentes galeries et enfin le
peloton bariolé avec des tas de publicités. Les gars (je n’ai pas vu de femmes)
font une petite randonnée formule Audax.
Le cyclotourisme en Italie se
rapproche visiblement davantage du cyclisme que du tourisme. Cinq kilomètres
plus loin, ce sera l’arrivée.
Là, nous nous apercevons que c’est
l’Unità qui a organisé cette sortie : des banderoles, des drapeaux, des slogans
décorent la rue. Le fait d’être manipulés, récupérés par les marques ou la
politique ne semble pas gêner ces cyclistes. Ils ont fait une agréable sortie et
cela leur suffit...
A Vérone, et souvent sur notre
parcours, les campings sont très mal signalés ce qui nous oblige à demander aux
gens notre chemin. C’est un moyen comme un autre de chercher les contacts.
Parfois, nous rencontrons des gens qui parlent un peu le Français et dans ce cas
là, ils sont très serviables.
J’avais lu le livre d’un
globe-trotter qui avait fait plus de 400 000 km autour du monde en auto-stop. Un
détail m’avait frappé dans son livre : il avait emmené un rasoir électrique
alors qu’il n’allait jamais à l’hôtel. Cela le forçait à demander une prise.
C’était juste un alibi pour parler à des gens !
Sur la route qui nous mène à
Mestre, nous constatons que les premières victimes des automobilistes ne sont
pas les hérissons comme en France, mais les rats. Six ont été dénombrés ce jour
là !
Venise
De
Mestre, nous irons à Venise en Bus. Nous avions suivi l’avis d’un cycliste
rencontré à Crémone et qui revenait de Grèce. En effet, couvrir sept kilomètres
d’une route qui ressemble à une autoroute relève plutôt du suicide. Je ne veux
pas terminer comme les hérissons ou les rats ! De plus, le tandem dans Venise
aurait été une véritable gêne.
Nous ne serons pas déçus. Nous arrivons tôt le matin pour éviter la foule et
pour bénéficier de bonnes conditions d’éclairage pour les photos. C’est une
journée épuisante car nous voulons voir le maximum de choses. Vers quinze
heures, nous retournons au camping pour nous reposer et échapper à la marée
humaine.
A dix-neuf heures, l’envie est trop forte, nous avons besoin de revoir cette
ville unique. La nuit, l’atmosphère est complètement différente sur la place
Saint Marc. Un seul regret, nous n’avons pas visité la basilique car à l’entrée
nous avons été refoulés. Nous étions en short !
La
Yougoslavie
Il
nous a fallu dix-sept jours pour arriver en Yougoslavie. Maintenant, nous avons
l’impression d’être loin de chez nous. Au bureau de tourisme de Gorizia, une
hôtesse nous propose des tickets de réduction d’essence. Elle est très surprise
de voir qu’on les refuse !
J’avais un peu peur de l’état des
routes. A part quelques passages où la chaussée est faite de dalles mal jointes
et quelques petits secteurs correctement pavés, tout ira bien. Nous ne prenons
cependant que les grands axes. La circulation n’est pas dense.
Pendant notre voyage, les routes
les plus contraignantes seront les pistes cyclables. On pourrait penser que les
ponts et chaussées de tous les pays construisent des pistes pour l’agrément et
la sécurité des cyclistes. Moi, je pense plutôt que c’est pour rendre la
circulation plus fluide que les cyclistes sont souvent chassés sur des trottoirs
dangereux, mal signalés et mal entretenus.
Le long du mince ruban que nous
avons parcouru, nous avons remarqué que dans beaucoup de villages il n’y a pas
de commerce. Mais dès que l’on arrive dans des petites villes, nous trouvons
aisément des libre-service. Dans les magasins, il y a le nécessaire mais pas le
superflu. Les boutiques vendant, par exemple, du matériel vidéo ou des bijoux
restent rares.
L’Autriche
Nous
dirons bientôt adieu à la Yougoslavie pour saluer l’Autriche. La richesse de ce
pays par rapport au précédent nous saute aux yeux. Habitat, commerces, routes.
Cette impression sera confirmée en arrivant dans la très belle ville de Graz.
là, nous nous accordons une journée de repos ou pour être plus précis une
journée de non-vélo. En effet, ce mercredi 30 juillet est consacré à la marche.
Nous arpentons les rues. pour essayer de manquer le minimum de choses à voir,
nous avons l’habitude de nous diriger tout d’abord vers une papeterie qui vend
des cartes postales : ainsi, nous avons rapidement une idée des choses à voir.
Vienne
C’est
près de Vienne que nous atteignons le bout des Alpes. C’était le but de notre
voyage. En arrivant au camping de la capitale, la première chose que nous
faisons est de rechercher d’autres cyclo-campeurs. J’aime bien ces camps où se
rassemblent tous les routards. Les petites tentes fleurissent partout. C’est là
que nous avons le plus de chance de faire des rencontres avec des gens qui ont
la même motivation que nous.
Nous faisons la connaissance d’un
français qui est venu de Paris en train. C’est un amateur d’art. A Vienne, il
est servi. Il pense rejoindre ensuite Florence sur deux roues. Il voyage avec un
vieux vélo de cyclotourisme qui a appartenu à son père. Très vite, je m’aperçois
que sa bicyclette a un besoin urgent d’être réglée et comme j’adore ça, tout y
passe : freins, direction, moyeux, pédalier et dérailleurs. Pour notre périple,
j’avais emmené quelques outils spécifiques. C’est assez lourd mais ça procure
une certaine autonomie et l’autonomie tend vers la liberté. C’est pour moi la
chose essentielle.
Nous passons deux jours à Vienne.
J’aime bien la peinture. Je la contemple avec le même plaisir qu’un paysage sur
mon vélo. Voir des vrais Bruegel, c’est impressionnant.
La
panne
Je
ne me lasse jamais de regarder mon tandem. Croyez-vous que cela soit maladif ou
alors une caractéristique propre à beaucoup de cyclistes ? Même lorsque nous
pique-niquons, mes yeux se portent naturellement sur lui. J’ai beau me dire que
ce n’est qu’un assemblage d’acier, de dural et de caoutchouc, rien n’y fait.
C’est en le passant ainsi en revue que je m’aperçois que la jante arrière est
fendue au trois quart ! Nous sommes alors à trente kilomètres après Vienne. Deux
solutions s’offrent à nous : retourner d’où nous venons ou continuer jusqu’à
Saint Polten où il y a un camping. La première solution est radicalement écartée
: faire demi-tour est déjà un effort surhumain pour un randonneur alors pour des
tandémistes, c’est encore pire !
Nous continuons donc. Saint Polten
est une agréable ville de quinze mille habitants. Elle possède un petit camping
au bord d’une rivière. Le camp est très calme. Nous sommes heureux d’y arriver
en fin d’après-midi sans avoir eu d’accident. Aussitôt, nous nous mettons en
quête d’une jante de rechange auprès des nombreux vélocistes de la ville (six en
tout !). Partout, c’est la même réponse négative : pas de jante à 40 rayons en
Autriche. Voilà un autre inconvénient du tandem : beaucoup de pièces sont
spécifiques. En particulier pour la direction et la largeur des axes des roues.
Leurs dimensions sont plus importantes pour des raisons de solidité. Mais pour
les 40 rayons, c’est moi qui l’avait voulu !
Heureusement, je possède dans ma
cave à Ris deux vieilles jantes en dural de large section. Nous téléphonons à
mes parents. Ma mère se débattra entre les PTT, la SNCF et Orly pour obtenir le
moyen le plus rapide. Malgré une réticence des postes au départ, ce sont elles
qui gagneront avec l’envoi par avion pour 28 F !
L’attente
Pour
nous, l’attente commence avec ce que cela comporte d’incertitude. Au début, nous
nous reposons. Nous prenons des vacances en quelque sorte. Puis nous retournons
visiter Vienne.
Plus tard, nous achetons un frisbee
pour tuer le temps. Toujours plus tard, nous nous surprenons à faire du bronzage
et du lèche-vitrine. Encore plus tard, nous commençons à douter : le moral est
en baisse.
La
famille de cyclos campeurs
Heureusement,
le neuvième jour, des cyclos campeurs sont arrivés au camp. Une famille de
parisiens : les parents et une petite fille de neuf ans. Ils étaient partis de
Paris le 1° juillet et nous les avons rencontrés le 12 août. Ils partaient pour
un an. Ils avaient tout abandonné pour faire ce voyage : appartement,
profession, confort. Etait-ce une fuite de la vie quotidienne ou une envie de
découvertes ou bien les deux à la fois. Je ne sais pas. Ils devaient rejoindre
ensuite la Yougoslavie puis la Grèce au début de l’hiver, Israël et enfin les
Indes. Lui devait avoir plus de trente kilogrammes de chargement, elle un peu
moins et leur fille une dizaine.
Leur tente était du même modèle que
la nôtre mais elle était iso thermique et tout coton. Ils pensaient que c’était
le meilleur choix possible. Moi, je pense que le choix est conditionné par
l’utilisation qu’on veut faire de quelque chose.
L’équipement pour rouler était
nettement moins bon. Ils avaient suivi les conseils de Lodé (Tour du Monde) :
vélos routiers. Je ne suis pas de l’avis de cet auteur. Ces vélos ne sont pas
d’assez bonne qualité pour transporter longtemps des lourdes charges.
D’ailleurs, tous leurs roulements commençaient à avoir du jeu. Ils avaient
toutefois fait renforcer la roue arrière. Un porte bagages avait cédé...
Ils avaient pris pour hypothèse que
Lodé avait fait le tour du monde à vélo, donc il devait avoir raison. Mais ils
avaient oublié que ce globe-trotter n’était pas un cycliste pratiquant quand il
est parti. Pour faire le bon choix, il faut connaître sinon il vaut mieux se
référer aux gens réellement compétents.
Par la suite, nous avons réfléchi
pour savoir si c’était une bonne chose d’emmener un enfant pour un si long
voyage. Au premier abord, cela peut paraître « chouette ». En effet, apprendre,
entre autres, la géographie derrière une table ne me semble pas la meilleure des
méthodes. Mais à l’âge de 9 ans, l’enfant a besoin de camarades pour se mesurer
à eux, pour jouer et devenir sociable. Cette fille sera continuellement
confrontée à des problèmes d’adultes. En un mot, je ne sais pas si le fait de
pédaler des milliers de kilomètres correspond vraiment aux motivations
d’un enfant de cet âge là.
Ce
jour là, nous recevons une lettre des douanes nous convoquant pour venir
chercher le « cercle ». Le 14 août, à l’aube, nous prenons le train pour Vienne.
Nous emmenons avec nous la jante cassée. Je l’avais démontée en notant bien le
mode de rayonnage. En exerçant une légère traction elle s’était ouverte...
Le douanier, en la voyant, a
compris aussitôt ce que pouvait bien contenir ce curieux colis venu de France !
Les rayons de la roue arrière sont
croisés à deux à cause du diamètre important du tambour. Il ne faut pas oublier
de mettre des petites rondelles au niveau de chaque tête. Ainsi les coudes sont
plaqués contre le flasque. Cela réduit dans de grandes proportions le risque de
cassure.
En fin d’après-midi, j’ai fini de
la rayonner. C’est la première fois que j’effectue ce genre de travail. Bien
sûr, il y a du voile et un léger saut, mais cela doit rouler. Le pneu
demi-ballon doit encaisser ces défauts. Un petit tour dans la ville pour
vérifier si cela tient : c’est tout bon !
On
repart !
C’est
avec une nouvelle soif de paysages que nous sommes repartis. Nous avons suivi le
Danube jusqu’à Linz et de là, nous avons regagné les Préalpes en longeant les
lacs Attersee et Mondsee.
Nous avons admiré de très belles maisons décorées.
Salzbourg, citée de Mozart, sera notre dernière ville autrichienne.
L’Allemagne
Les
campings sur la route allemande des Alpes sont essentiellement des camps
résidentiels : immenses caravanes dans de véritables petits jardins. Nous
n’aurons pas beaucoup de contacts avec ces vacanciers.
Sur la route, les paysages sont magnifiques. En particulier la Bavière avec ses
châteaux royaux, ses lacs, sa verdure.
Tout au long de cette route, nos moments sont consacrés à la contemplation mais
aussi à l’effort. En effet traverser un massif consiste la plupart du temps à
suivre une vallée puis gravir une route qui mène à un col. Longer les Alpes
oblige à couper des monts les uns après les autres.
Nous ne sommes pas pressés de
rentrer. Nous préférons raccourcir les étapes : 80 km en moyenne.
C’est un voyage heureux, tout
marche comme sur des roulettes. La roue arrière ne nous pose aucun problème à
part un concert de cliquetis continuel. Ce sont les rayons qui frottent entre
eux ou sur le dural qui émettent ce bruit particulier. A noter que suivant le
temps, on n’obtient pas la même tonalité. Le tempo, lui, varie suivant la
vitesse !
L’accident
Cela
fait une vingtaine de kilomètres que nous avons quitté le lac quand tout à coup
le tandem fait un gros écart. Doro est éjectée et moi, je me retrouve empêtré
avec l’engin. Ma première réaction est de regarder en arrière pour voir si une
voiture n’arrive pas. Doro est très choquée. Le passager du tandem est toujours
surpris par un accident car il ne voit pas arriver le danger. Ma jambe saigne.
Ce sont les dents du pédalier qui m’ont labouré les chairs. Doro est écorchée au
coude et à la cuisse.
Explication de la chute : le bitume
était surélevé par rapport au bas côté. Une seconde d’inattention a suffi pour
descendre et c’est en remontant que nous avons perdu l’équilibre. Cinq bornes
plus loin, nous avons la chance de trouver un pharmacien.
Nous ne sommes pas anxieux ni
insouciants d’ailleurs : nous acceptons les risques du voyage en sachant bien
que nous sillonnons des pays à forte structure médicale.
Retour
en France
A
Ribeauvillé, en Alsace, nous battons notre record de vitesse pour le rangement :
3/4 d’heure entre le lever, la toilette succincte, le petit déjeuner, le
rangement et l’arrimage des sacoches. Certains peuvent trouver cette activité
matérielle contraignante. Nous mettons d’habitude environ une heure le matin et
une demi-heure l’après-midi. Cela fait partie du voyage.
Si nous sommes allés si vite, c’est
parce qu’il n’y a pas une minute à perdre. Nous avons une dure journée devant
nous. A force d’avoir longé les Alpes, nous sommes un peu brimés. Nous avons
envie d’aller affronter à nouveau la montagne. Mais cette traversée des Vosges
marque également un peu la fin de notre voyage et le soir, Doro est vraiment
triste.
Le
bilan
Pendant
ces deux mois, nous avons fait quelque chose qui nous convenait parfaitement
tant sur le plan physique que sur l’enrichissement personnel. Nous avons connu
une vie de couple intense.
Daniel CLERC
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