En 1980, Doro et moi, nous avions opté pour
le tandem comme moyen de locomotion autour des Alpes Européennes. Cette année,
après un voyage à Pâques de 1200 km avec le tandem à travers la Normandie et le
Maine, nous décidions de reprendre les vélos pour nos vacances d'été.
Nous avons conservé la formule du
cyclo-camping qui, rappelons le, est la forme la plus sportive et la plus libre
de la pratique du cyclotourisme.
Doro trimbalait 13 kg dans ses trois sacoches
et moi 14 kg. Poids qu'il vaut mieux ne pas trop dépasser si on a l'intention de
faire beaucoup d'escalades.
Descente
vers les Pyrénées
La première
partie de notre voyage s'effectua sous forme de randonnée. Nous devions rallier
Monein, près de Pau, en une semaine. Un voyage en zigzag d'un peu plus de 1000
km qui s'effectua sans encombre mais qui ne me satisfit pas outre mesure.
En effet, être obligé d'arriver un jour
précis a imposé un kilométrage journalier important et cela ne convient pas à ma
nature. J'ai toute l'année une vie avec le minimum de contraintes, ce n'est pas
pour m'en créer pendant les vacances !
Monein
Une fois à Monein, nous avons retrouvé nos
amis d'il y a deux ans dans cette organisation de camping-cyclo. Bien sûr, dans
ce genre de mini-concentration, il y a toujours des gens plus intéressants que
d'autres. Dans la vie, on ne peut pas plaire à tout le monde et tout le monde ne
peut me plaire !
Nous sommes restés dix jours. Nous avons revu
avec plaisir les Pyrénées. Nous garderons le souvenir d'une montée de la Pierre
Saint Martin par un froid glacial (neige au col). C'était le 18 juillet. Le
lendemain, dans les Alpes, le BRA était annulé...
De BPF en BPF
La suite de notre voyage consista à aller de BPF en BPF dans les Landes, la Gironde, les Charentes et la Vendée.
A propos des BPF :
Robert Combe a fait un excellent article dans
le numéro 289 de la revue cyclotourisme. Il a raison de défendre les diagonales
telles qu'elles sont faites : elles s'adressent aux véritables randonneurs.
Moi, je vais prendre le problème à l'envers.
Je dis que les BPF ont été créés pour les
amoureux des vieilles pierres, des monuments, des panoramas, des paysages. Pour
ceux qui aiment contempler, photographier, prendre le temps de visiter.
Personnellement, j'aime l'histoire, et, lorsque je vois un château, une église,
un village Moyenâgeux, j'éprouve beaucoup de plaisir à essayer d'imaginer la vie
des gens qui ont bâti et vécu dans ces lieux. Je suis également passionné de
photo et ce n'est pas en deux minutes qu'on trouve le meilleur angle. Il faut
s'arrêter, chercher : cela prend du temps mais ce n'est pas une perte de
temps...
Malheureusement, je vois certains
cyclistes qui
disent faire les BPF se limiter à entrer dans le premier café ou la première
station service venus et se faire apposer un tampon. Visiblement, ils n'ont pas
compris que le BPF ce n'est pas seulement un point de contrôle. Si la Fédé a
choisi ce lieu, c'est (presque) toujours parce qu'il y a quelque chose
d'intéressant à voir (dans les 5 km à la ronde). Sinon, il aurait suffi de
quadriller la France !
Le comble des BPF serait de faire la province
de la Touraine sans visiter un seul château !
Si on n'aime pas visiter, ce que je conçois
parfaitement, il y a des tas d'autres organisations à la FFCT qui répondent à
cela. A la Fédé, il y en a pour tous les goûts mais ne confondons pas les
genres. Une diagonale ne doit pas être transformée en une simple balade, un BPF
ne doit pas être abâtardi en une stupide course aux tampons.
La Semaine Fédérale de Libourne
Le 2 août, nous nous sommes retrouvés à
Libourne pour la Semaine Fédérale.
Nous avons aimé. Pourquoi ? Tout d'abord
parce que nous y avons rencontré des tas de gens et en particulier trois
jeunes cyclo-campeurs : Maryse, Hervé et Maurice. Nous avions les mêmes
motivations. Nous avons passé des soirées entières à discuter et à nous amuser.
Maurice a de l'humour et j'aime ça ! Hervé a le sens de la Liberté et j'aime ça
! Maryse n'est pas l'ombre de son mari et j'aime ça ! Doro aussi !
Pendant cette semaine, nous partions le matin
à l'heure que nous voulions. Pas de « contrôle » (quel vilain mot, quand on y
réfléchit) ni au départ, ni à l'arrivée. Juste un cachet souvenir vers le
milieu du parcours pour ceux qui le désiraient. Le fléchage était très bien fait
et cela nous permettait de nous libérer de la carte. Les routes étaient très
bien choisies, variées, agréables.
Le dernier dimanche, avant le repas de
clôture, il y eut la remise des …
…Mais non, j'ai beau regarder partout, sous
les tables, sous les chaises, il n'y a pas de coupe… Sacrilège, il n'y a pas de
coupe !
Maudit soit l'organisateur. Faire déplacer
3000 cyclistes et ne pas leur offrir une seule coupe !
« Radin ! »
Mais alors, pourquoi sont-ils venus tous ces
cyclistes si on ne veut pas leur faire plaisir en leur offrant une coupe ?
« On veut des coupes ! On veut des coupes !
On veut des coupes ! »
Bon d'accord, les
cyclistes ont passé une
semaine très agréable en faisant du cyclotourisme, mais ils repartent tout nu
s'ils n'ont pas une seule coupe.
Quelle mouche a pu piquer cette organisateur
?
Bon d'accord, Il a remplacé les coupes par de
très jolies cartes stylisées de la région de la Dordogne.
« Que dit-il ? Quoi ? »
Il a le toupet de dire que c'est plus utile
qu'une coupe !
« Mais que se passe-t-il ? »
Les gens dans la tribune, des
cyclistes par
dessus le marché, applaudissent à tout rompre... Oh, Mon Dieu ! Les valeurs se
perdent, la tradition fout le camp !
Mais écoutez-moi bien ! Le comble : cette
année, il n'y a pas eu d'élection de Miss-cyclo... Quand je pense que j'avais
amené Dorothée exprès pour ça !
La Dordogne et le Massif Central
A regret, nous
démontons la tente le lundi 10 août. Nous disons au revoir à nos nouveaux amis
et nous reprenons notre voyage en direction du Massif Central via la vallée de
la Dordogne. Le mois de juillet avait été très clément pour nous. Août fut
merveilleux. Ainsi, nous avons pu visiter le Cantal et le Puy de Dôme dans les
meilleures conditions.
Nous avons pratiqué assez souvent la
technique de l'étoile rayonnant autour d'un point de campement puis repartant
avec notre chargement pour aller planter un peu plus loin : très efficace pour
fouiller dans le détail une région.
Le gîte Fédéral
D'étapes en
étapes, de cols en cols, nous avons abouti au gîte Fédéral.
Nous y sommes restés six jours. C'est dire
qu'il nous a plu. Le week-end, il y avait environ une quarantaine de personnes
car les cadres de la Fédé s'étaient rassemblés pour deux jours.
Ensuite le gîte s'est
vidé et l'ambiance fut beaucoup plus intime. Nous avons découvert Jean Mouchel,
l'animateur. Très attachant.
Le retour
Nous avons tranquillement remonté vers Ris en
passant par le Morvan, la Côte d'Or et l'Yonne.
Daniel CLERC
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