Réussir à l'école
Science & Vie - HS
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LES RESULTATS DE LA RECHERCHE
Le b.a.-b.a. de l'apprentissage
Au commencement, est le neurone, la cellule chargée de recevoir, traiter
et diffuser l'information.
La brique essentielle de l'apprentissage...
Des connexions entre ces cellules naissent les savoirs acquis.
8 expériences qui révèlent les mécanismes de
l'apprentissage
Qu'elles reposent sur des techniques d'imagerie ou sur des tests issus
de la psychologie cognitive, quelques expériences clés ont permis aux
chercheurs de comprendre les bases neurologiques de l'apprentissage.
Bébés et déjà savants
Quelle est la part d'inné dans nos connaissances ?
Les études menées avec les bébés ont montré qu'ils disposent très tôt de
nombreuses compétences. Le langage et le calcul seraient-ils inscrits
dans nos gènes ?
Quand apprendre est difficile
Confrontés à la lecture, à l'écriture ou au calcul, certains enfants
sont en situation de handicap.
Ils ont alors besoin d'être accompagnés par des spécialistes.
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LES DEBATS DE SOCIETE
Neuroéducation : quelles leçons peut-on tirer de la
science ?
Ce que les scientifiques ont découvert sur la façon dont le cerveau
apprend pourrait aider les enseignants à améliorer leur pratique.
Classements internationaux : les Français sont-ils si
mauvais ?
Alors que les résultats au bac n'ont jamais été assi bons, la France
reste mal classée dans les études internationales come Pisa.
Explications.
Le numérique : des outils adaptés à l'école ?
Beaucoup d'espoirs sont placés dans les nouvelles technologies de
l'information.
Mais que ressort-il des premières expérimentation ?
Rythmes scolaires : à la recherche de l'emploi du
temps idéal ?
Les emplois du temps actuel n'aident pas vraiment les élèves à
apprendre. C'est ce que nous enseigne la chronobiologie
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Questions Réponses
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C'est une crainte récurrente.
Les
digital natives ont tendance à se précipiter sur leur Smartphone à la
moindre question pour y trouver la réponse qui leur échappe.
Google est
devenu la béquille de la mémoire humaine.
Au risque de la rendre
boiteuse ? Peut-être pas.
L'histoire montre que d'autres
innovations auraient pu avoir cet impact : l'apparition de l'écriture,
celle des livres, des journaux, de la photographie, de la radio et la
télévision nous ont déjà permis d'externaliser une partie de notre
mémoire.
Et ceci peut tout à fait être vu comme un bienfait !
Car les
ressources que le cerveau économise lorsqu'il transfère une partie de sa
mémoire vers Internet se trouvent disponibles pour approfondir des
fonctions cognitives ou en acquérir de nouvelles.
Google pourrait donc,
finalement, rendre les élèves plus intelligents !
C.B.
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Lorsque ce sont les muscles qui
travaillent, la glycémie (c'est-à-dire le taux de glucose dans le sang)
baisse, induisant une sensation de fatigue ; Il en va de même pour le
cerveau !
Chez l'homme, des études ont montré que
plus une tâche intellectuelle est difficile, plus le niveau de glucose
dans la circulation sanguine globale diminue.
Un effet mis en évidence
plus précisément dans la circulation sanguine du cerveau de rats placés
dans un labyrinthe : plus le repérage dans l’espace est difficile, plus
leur glucose cérébral extracellulaire s'épuise.
Mais ce n'est pas la seule explication à
la fatigue cérébrale.
Car la baisse normale de motivation, qui fait
baisser certaines hormones comme la dopamine et l'adrénaline, accroît
encore la sensation de fatigue.
M.K.
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"Le mieux est d'éviter les punitions et
les récompenses, deux formes de motivation venant d’autrui et de
favoriser les motivations autodéterminées, c'est-à-dire venant des
élèves eux-mêmes", conseille le psychologue de l'éducation Alain Guerrien.
En effet, plusieurs travaux, comme ceux des psychologues
américains Wendy Grolnick et Richard Ryan, ont montré que, comparées aux
motivations venant des autres, les motivations auto-déterminées ont des
effets plus positifs et plus durables en termes d' engagement de
l'enfant dans la tâche, de concentration, de mémorisation, de
développement de stratégies d’apprentissage, ou encore de bien-être
psychologique de l'enfant.
"En prenant en considération leurs
intérêts, leurs questionnements et leurs projets", l'enseignant peut
contribuer à favoriser une motivation autodéterminée chez ses élèves,
afin qu'ils s’intéressent d'eux-mêmes aux tâches demandées, suggère
Alain Guerrien.
Les parents aussi peuvent jouer un rôle dans la
motivation de leur enfant vis-à-vis des activités scolaires, en donnant
du sens à celles-ci : en les mettant en lien avec les activités
quotidiennes, avec des questions concrètes auxquelles elles peuvent
répondre ou encore avec des projets familiaux.
Comme jouer avec les
proportions et les quantités des ingrédients d'une recette de cuisine,
organiser un voyage à l’'étranger...
K.B.
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Non !
D'abord, il faut éviter le terme
de cancre.
Et ensuite, "il vaut mieux encourager les efforts et les
progrès", répond Alain Guerrien, psychologue de l'éducation à
l'université Lille-3.
Selon les psychologues, en effet, le fait de punir
un enfant altère son estime de soi et diminue son intérêt pour l'école.
Ce qui, au final, risque de l'en détourner.
De plus, cela n'a aucun
effet si les mauvais résultats sont liés à une mauvaise méthode et non à
un réel manque de travail.
Mais il n'en est pas de même pour ce qui est
de punir les mauvais comportements.
"Des travaux ont montré que punir
peut être un moyen d’obtenir le comportement souhaité", rapporte Fabien
Fenouillet, psychologue de l'éducation de l'université Paris-10.
Ceci
dit, mieux vaut faire en sorte que la motivation à bien se comporter
vienne de l'enfant lui même.
K.B.
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La notation des élèves limiterait les
capacités d’apprentissage C’est du moins ce que révéle une étude
coréenne dirigée par le neurobiologiste Sung ll Kim.
lRM à l'appui, l’étude a prouvé que
lorsque les élèves sont classés par rapport aux autres lors d'un test de
performance, le cerveau des jeunes de faible niveau scolaire montre une
activation des zones impliquées dans l'anxiété et la frustration.
Or les
émotions négatives perturbent l’attention et la mémorisation,
indispensables a l’apprentissage.
M-C.M.
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Oui, les scientifiques définissent cinq
principaux systèmes mnésiques.
Citons d'abord la mémoire de travail,
qui est active à tout instant et grâce à laquelle nous pouvons lire. une
phrase tout en gardant présent à l'esprit le début du texte qui la
contient. Elle nous permet de manipuler en temps réel les informations
dont nous avons besoin pour parler, lire, planifier, réfléchir,
calculer.
La mémoire procédurale est, quant à
elle, celle des habiletés motrices et des savoir-faire automatiques
(c'est celle qui est mobilisée lorsqu’on fait du vélo, par exemple).
La mémoire perceptive est celle des
sensations. Inconsciente, elle imprime dans le cerveau les traces
d'images, de sons, d’odeurs.
La mémoire sémantique est celle qui
stocke les connaissances que nous possédons sur le monde, en dehors des
événements vécus qui, eux, forment ce qu’on nomme la mémoire épisodique.
C.B
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À petite dose, le stress dope le niveau
de vigilance et d'attention via la sécrétion d'hormones comme
l’adrénaline.
Mais en excès, ses effets sont
dévastateurs !
Il provoque la sécrétion de
glucocorticoïdes qui, transportés jusqu'au cerveau, interagissent avec
l'hippocampe, région clé de la mémoire.
Résultat : son fonctionnement est en
partie bloqué au détriment des capacités de la mémoire à court terme, de
la mémoire de travail et de la mémoire à long terme.
Le stress agit aussi sur la capacité à
convoquer des informations stockées. Ce qui explique que, pendant un
examen, on puisse perdre ses moyens.
P.-Y.B.
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Pour les petits Français, oui.
À la différence des Allemands, des
Danois, des Finlandais ou des Suisses, nos élèves sont extrêmement
anxieux vis-à-vis des mathématiques : ils sont près de 75 % à
s'inquiéter d’avoir de mauvaises notes.
Or cette anxiété conditionne les
performances : les pays dans lesquels les élèves sont moins anxieux
obtiennent de bien meilleurs résultats.
C.B.
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Assurément !
Car le français est une
langue illogique, pleine de bizarreries.
C'est ce qui fait son charme,
mais aussi le cauchemar de l’écolier, jusque dans sa leçon de
mathématiques !
Car nos premiers concepts mathématiques,
nous les acquerrons par le langage.
Et à ce petit jeu, la langue de Molière
s'avère particulièrement équivoque par rapport à d'autres langues plus
"logiques", anglo-saxonnes ou asiatiques, par exemple.
Qu'on en juge : le mot "un" désigne à
la fois l'article indéfini et la quantité "1", quand les Britanniques
différencient "a" et "one".
Et que dire de notre aberrant "quatre-vingt-douze", tellement moins intuitif que le
"nonante-deux" utilisé par nombre d'autres francophones !
Dernier exemple parmi tant d'autres : le
"15" de "15 novembre" constitue-t-il une quantité ou un rang? "November, the 15th", littéralement
"le quinzième jour de novembre",
s'avère bien plus explicite. "Cela peut sembler trivial, mais ça ne
l'est pas du tout pour un enfant en bas âge", assure Rémi Brissiaud,
chercheur en psychologie et auteur du livre Apprendre à calculer à
l'école.
"Il faut donc être très rigoureux sur
les choix des mots pour aider les enfants à comprendre les nombres."
Les mots !
C'est aussi le cheval de
bataille de la pédagogue Stella Baruk, auteure de nombreux ouvrages sur
l’apprentissage des maths. Sa méthode repose en partie sur le constat
que trop d'élèves confondent le sens mathématique des mots avec leur
signification usuelle.
Moralité : si vous voulez transmettre le goût des
maths, réfléchissez bien aux mots que vous employez !
H.L.
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Même si les filles ont de meilleurs
résultats que les garçons à l'épreuve de mathématiques du bac dans les
filières littéraire et économique, en 2015, elles ne représentaient que
46% des candidats au bac scientifique, où elles ont obtenu des résultats
légèrement inférieurs à ceux des garçons.
De nombreuses études ont
montré qu'elles seraient victimes des stéréotypes. Ainsi, une expérience
française publiée en 2007 a montré qu'elles réussissent mieux à
reproduire une figure géométrique si on leur présente l'exercice comme...
une épreuve de dessin.
E.A.
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70 % des filles lisent durant leur temps
libre contre seulement 52 % des garçons, lesquels préfèrent, à une
écrasante majorité, jouer aux jeux vidéo. D'où les différences de niveau
en français ?
Oui, mais pas seulement. La faute
revient, là encore, aux stéréotypes !
L'idée selon laquelle les garçons
seraient moins bons que les filles en lecture finirait par les rendre
effectivement moins bons !
C'est ce qu'a démontré une récente étude
française dans laquelle 80 enfants de 9 ans devaient en 3 minutes,
identifier un maximum de mots désignant un animal à l'intérieur d'un
texte.
Les chercheurs ont constaté que les garçons étaient moins
performants que les filles quand l'exercice était présenté comme un test
de lecture, et qu'ils étaient de niveau équivalent quand il était
présenté comme un jeu.
E.A.
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Compter sur ses doigts et apprendre les
tables de multiplication : voilà qui évoque l'école de nos
grands-parents.
La modernité voudrait que l'on effectue
exclusivement des opérations dans sa tête. Eh bien ce serait passer à
côté des penchants naturels de notre cerveau !
D'abord, nos doigts sont naturellement
liés au calcul : l’imagerie a montré que les circuits cérébraux qui
régulent la représentation mentale des doigts sont étroitement connectés
à ceux qui régissent les opérations arithmétiques. Ainsi, des personnes
atteintes de lésions cérébrales au niveau du gyrus angulaire gauche
(situé à l'intérieur du lobe pariétal ont à la fois des difficultés à
faire des calculs simples et des troubles perceptivo-tactiles au niveau
des doigts !
D'autres études ont également établi que
la répétition. Comme celle des tables de multiplication, sollicite ce
même gyrus angulaire gauche, justement active en particulier chez les
experts en calcul.
Parmi les autres idées reçues, il en est
une qui voudrait qu'il ne soit pas pertinent d'enseigner le calcul aux
tout-petits.
Le psychologue Jean Piaget, dont les
théories ont fortement influencé les systèmes scolaires, stipulait en
effet que l'enfant ne pouvait commencer à apprendre à compter que vers 6
ou 7 ans.
En réalité, des expériences récentes ont
établi que le cerveau est capable d'effectuer des opérations simples
juste après la naissance. Des bébés âges de 4 jours seulement sont déjà
capables de différencier 2 de 3, démontrant que le cerveau possède des
la naissance des neurones dédiés au calcul.
LA VERTU DES BOULIERS
Autre enseignement, encore venu des
neurosciences : les aires cérébrales impliquées dans le calcul sont
étroitement connectées à celles activées pour la reconnaissance
spatiale.
Ainsi. Une étude récente publiée a
montré que lorsque nous calculons mentalement combien font 12 + 3. Le
cerveau réagit de la même façon que s'il visualisait le passage de 12 à
15 sur une règle graduée. Pour le cerveau, le calcul mental
s'apparenterait, dans une certaine mesure. à un déplacement spatial. Ce
qui plaide pour l'utilisation dans les classes des supports pédagogiques
mettant en évidence ce lien : bouliers, règles, dessins, jeux et
logiciels éducatifs basés sur cette correspondance.
Pas seulement parce que c'est plus
concret, mais parce que c'est comme cela que le cerveau traite les
quantités !
Quant à l’évaluation des capacités
mathématiques, les neurosciences permettent la aussi d'éviter une erreur
très répandue qui consiste à confondre difficultés de lecture et
difficultés en mathématiques. En effet, lecture et calcul sollicitent
des circuits cérébraux différents. Un long énoncé difficile à lire
pourra donc prendre en défaut un bon élève en maths !
P-Y.B.
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À l'école, les filles sont meilleures
que les garçons.
À l'entrée en 6°, 12 % des garçons ont déjà redouble,
soit un tiers de plus que les filles.
Et, au baccalauréat, on note 85 %
de réussite chez les filles contre 81 % chez les garçons.
Pourquoi un
tel écart ?
Des facteurs sociaux seraient en cause.
Avec un personnel
féminin prépondérant dans l'Éducation nationale et des mères plus
présentes dans le suivi des devoirs, "l'école semble relever du
registre féminin", analyse Stéphane Clerget, pédopsychiatre. Ce qui
éloignerait les garçons de la scolarité.
Autre facteur : ils seraient
moins éduqués à la discipline.
Des chercheurs de l'université Paris-8
ont montré que les assistantes maternelles leur coupent moins la
parole et les incitent moins au calme. Une agitation nuisible à la
concentration.
Ceci suffit-il à tout expliquer? Peut-être pas. Des
facteurs biologiques pourraient aussi intervenir.
Des chercheurs de
l'lnstitut national américain de la santé mentale ont montré, IRM à
l'appui, que certaines zones cérébrales (celles du contrôle de soi et de
la planification, notamment) ne se développent pas à la même vitesse
chez les deux sexes.
Quelques chercheurs avancent l'idée de différences
naturelles entre leurs capacités cognitives, en se basant notamment sur
des études montrant que les filles acquièrent plus rapidement le langage
durant la petite enfance.
Une question qui reste débattue.
E.A.
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Il n'y a pas d'étude scientifique
portant précisément sur cette question, mais les chercheurs en
psychologie de l’éducation ont leur idée sur Le sujet.
"Mon, hypothèse personnelle est qu’il
faut arrêter d'étiqueter les enfants en bons et mauvais élèves. Car cela
valorise l'estime des premiers et diminue celle des seconds, ce qui
réduit la cohésion sociale de la classe et entraîne le rejet des uns par
les autres", argumente Fabien Fenouillet, professeur en psychologie
cognitive à l'université Paris-10.
Problème le système de notation français
actuel favorise cette situation.
"Pour éviter au maximum cette
discrimination, l'enseignant doit veiller à respecter l’estime de soi
des élèves qui n'atteignent pas les niveaux standards requis, et à ne
pas les dévaluer à tout bout de champ", reprend Fabien Fenouillet.
Quid de l'idée de regrouper les bons
élèves d'un côté et les moins bons de l’autre pour éviter, le rejet lie
au niveau scolaire ?
Cette solution n'est pas efficace sur le
long terme, car il y a toujours des meilleurs que d'autres et, à terme,
le même problème ressurgira", répond le professeur.
K.B.
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