Précédente Accueil Remonter Suivante

Réussir à l'école

Science & Vie - HS 278

 

Le sommaire

LES OUTILS NUMERIQUES & MEMOIRE des ELEVES ?

Pourquoi le fait  de réfléchir fatigue-t-il autant ?

Comment peut-on motiver un élève ?

FAUT-IL PUNIR LES CANCRES ?

Pour ou contre les notes ?

Y a-t-il plusieurs formes de mémoire ?

LE STRESS HANDICAPE-T-IL VRAIMENT L’ELEVE ?

Les maths sont-elles stressantes ?

La langue française nuit-elle aux maths ?

Garçons ou filles, qui préfère les maths ?

Garçons ou filles, qui préfère le français ?

Faut-il s'empêcher de compter sur les doigts ?

Les garçons connaissent-ils davantage l’échec scolaire ?

Comment éviter qu’un bon élève suscite l’animosité ?

 

Le sommaire

 LES RESULTATS DE LA RECHERCHE

 

Le b.a.-b.a. de l'apprentissage

Au commencement, est le neurone, la cellule chargée de recevoir, traiter et diffuser l'information.

La brique essentielle de l'apprentissage...

Des connexions entre ces cellules naissent les savoirs acquis.

 

8 expériences qui révèlent les mécanismes de l'apprentissage

Qu'elles reposent sur des techniques d'imagerie ou sur des tests issus de la psychologie cognitive, quelques expériences clés ont permis aux chercheurs de comprendre les bases neurologiques de l'apprentissage.

 

Bébés et déjà savants

Quelle est la part d'inné dans nos connaissances ?

Les études menées avec les bébés ont montré qu'ils disposent très tôt de nombreuses compétences. Le langage et le calcul seraient-ils inscrits dans nos gènes ?

 

Quand apprendre est difficile

Confrontés à la lecture, à l'écriture ou au calcul, certains enfants sont en situation de handicap.

Ils ont alors besoin d'être accompagnés par des spécialistes.

 

LES DEBATS DE SOCIETE

 

Neuroéducation : quelles leçons peut-on tirer de la science ?

Ce que les scientifiques ont découvert sur la façon dont le cerveau apprend pourrait aider les enseignants à améliorer leur pratique.

 

Classements internationaux : les Français sont-ils si mauvais ?

Alors que les résultats au bac n'ont jamais été assi bons, la France reste mal classée dans les études internationales come Pisa. Explications.

 

Le numérique : des outils adaptés à l'école ?

Beaucoup d'espoirs sont placés dans les nouvelles technologies de l'information.

Mais que ressort-il des premières expérimentation ?

 

Rythmes scolaires : à la recherche de l'emploi du temps idéal ?

Les emplois du temps actuel n'aident pas vraiment les élèves à apprendre. C'est ce que nous enseigne la chronobiologie

 

 

Questions Réponses

 

LES OUTILS NUMERIQUES FONT-ILS PERDRE LA MEMOIRE AUX ELEVES ?

 

C'est une crainte récurrente.

Les digital natives ont tendance à se précipiter sur leur Smartphone à la moindre question pour y trouver la réponse qui leur échappe.

Google est devenu la béquille de la mémoire humaine.

Au risque de la rendre boiteuse ? Peut-être pas.

L'histoire montre que d'autres innovations auraient pu avoir cet impact : l'apparition de l'écriture, celle des livres, des journaux, de la photographie, de la radio et la télévision nous ont déjà permis d'externaliser une partie de notre mémoire.

Et ceci peut tout à fait être vu comme un bienfait !

Car les ressources que le cerveau économise lorsqu'il transfère une partie de sa mémoire vers Internet se trouvent disponibles pour approfondir des fonctions cognitives ou en acquérir de nouvelles.

Google pourrait donc, finalement, rendre les élèves plus intelligents !

C.B.

 

Pourquoi le fait de réfléchir fatigue-t-il autant ?

 

Lorsque ce sont les muscles qui travaillent, la glycémie (c'est-à-dire le taux de glucose dans le sang) baisse, induisant une sensation de fatigue ; Il en va de même pour le cerveau !

Chez l'homme, des études ont montré que plus une tâche intellectuelle est difficile, plus le niveau de glucose dans la circulation sanguine globale diminue.

Un effet mis en évidence plus précisément dans la circulation sanguine du cerveau de rats placés dans un labyrinthe : plus le repérage dans l’espace est difficile, plus leur glucose cérébral extracellulaire s'épuise.

Mais ce n'est pas la seule explication à la fatigue cérébrale.

Car la baisse normale de motivation, qui fait baisser certaines hormones comme la dopamine et l'adrénaline, accroît encore la sensation de fatigue.  

M.K.

 

 Comment peut-on motiver un élève ?

"Le mieux est d'éviter les punitions et les récompenses, deux formes de motivation venant d’autrui et de favoriser les motivations autodéterminées, c'est-à-dire venant des élèves eux-mêmes", conseille le psychologue de l'éducation Alain Guerrien.

En effet, plusieurs travaux, comme ceux des psychologues américains Wendy Grolnick et Richard Ryan, ont montré que, comparées aux motivations venant des autres, les motivations auto-déterminées ont des effets plus positifs et plus durables en termes d' engagement de l'enfant dans la tâche, de concentration, de mémorisation, de développement de stratégies d’apprentissage, ou encore de bien-être psychologique de l'enfant.

"En  prenant en considération leurs intérêts, leurs questionnements et leurs projets", l'enseignant peut contribuer à favoriser une motivation autodéterminée chez ses élèves, afin qu'ils s’intéressent d'eux-mêmes aux tâches demandées, suggère Alain Guerrien.

Les parents aussi peuvent jouer un rôle dans la motivation de leur enfant vis-à-vis des activités scolaires, en donnant du sens à celles-ci : en les mettant en lien avec les activités quotidiennes, avec des questions concrètes auxquelles elles peuvent répondre ou encore avec des projets familiaux.

Comme jouer avec les proportions et les quantités des ingrédients d'une recette de cuisine, organiser un voyage à l’'étranger...

K.B.  

 

FAUT-IL PUNIR LES CANCRES ?

Non !

D'abord, il faut éviter le terme de cancre.

Et ensuite, "il vaut mieux encourager les efforts et les progrès", répond Alain Guerrien, psychologue de l'éducation à l'université Lille-3.

Selon les psychologues, en effet, le fait de punir un enfant altère son estime de soi et diminue son intérêt pour l'école.

Ce qui, au final, risque de l'en détourner.

De plus, cela n'a aucun effet si les mauvais résultats sont liés à une mauvaise méthode et non à un réel manque de travail.

Mais il n'en est pas de même pour ce qui est de punir les mauvais comportements.

"Des travaux ont montré que punir peut être un moyen d’obtenir le comportement souhaité", rapporte Fabien Fenouillet, psychologue de l'éducation de l'université Paris-10.

Ceci dit, mieux vaut faire en sorte que la motivation à bien se comporter vienne de l'enfant lui même.

K.B. 

 

Pour ou contre les notes ?

La notation des élèves limiterait les capacités d’apprentissage C’est du moins ce que révéle une étude coréenne dirigée par le neurobiologiste Sung ll Kim.

lRM à l'appui, l’étude a prouvé que lorsque les élèves sont classés par rapport aux autres lors d'un test de performance, le cerveau des jeunes de faible niveau scolaire montre une activation des zones impliquées dans l'anxiété et la frustration.

Or les émotions négatives perturbent l’attention et la mémorisation, indispensables a l’apprentissage.

M-C.M. 

 

 Y a-t-il plusieurs formes de mémoire ?

Oui, les scientifiques définissent cinq principaux systèmes mnésiques.

Citons d'abord la mémoire de travail, qui est active à tout instant et grâce à laquelle nous pouvons lire. une phrase tout en gardant présent à l'esprit le début du texte qui la contient. Elle nous permet de manipuler en temps réel les informations dont nous avons besoin pour parler, lire, planifier, réfléchir, calculer.

La mémoire procédurale est, quant à elle, celle des habiletés motrices et des savoir-faire automatiques (c'est celle qui est mobilisée lorsqu’on fait du vélo, par exemple).

La mémoire perceptive est celle des sensations. Inconsciente, elle imprime dans le cerveau les traces d'images, de sons, d’odeurs.

La mémoire sémantique est celle qui stocke les connaissances que nous possédons sur le monde, en dehors des événements vécus qui, eux, forment ce qu’on nomme la mémoire épisodique.

C.B

 

LE STRESS HANDICAPE-T-IL VRAIMENT L’ELEVE ?

À petite dose, le stress dope le niveau de vigilance et d'attention via la sécrétion d'hormones comme l’adrénaline.

Mais en excès, ses effets sont dévastateurs !

Il provoque la sécrétion de glucocorticoïdes qui, transportés jusqu'au cerveau, interagissent avec l'hippocampe, région clé de la mémoire.

Résultat : son fonctionnement est en partie bloqué au détriment des capacités de la mémoire à court terme, de la mémoire de travail et de la mémoire à long terme.

Le stress agit aussi sur la capacité à convoquer des informations stockées. Ce qui explique que, pendant un examen, on puisse perdre ses moyens.

P.-Y.B.

 

Les maths sont-elles stressantes ?

Pour les petits Français, oui.

À la différence des Allemands, des Danois, des Finlandais ou des Suisses, nos élèves sont extrêmement anxieux vis-à-vis des mathématiques : ils sont près de 75 % à s'inquiéter d’avoir de mauvaises notes.

Or cette anxiété conditionne les performances : les pays dans lesquels les élèves sont moins anxieux obtiennent de bien meilleurs résultats.

C.B.

 

La langue française nuit-elle aux maths ?

Assurément !

Car le français est une langue illogique, pleine de bizarreries.

C'est ce qui fait son charme, mais aussi le cauchemar de l’écolier, jusque dans sa leçon de mathématiques !

Car nos premiers concepts mathématiques, nous les acquerrons par le langage.

Et à ce petit jeu, la langue de Molière s'avère particulièrement équivoque par rapport à d'autres langues plus "logiques", anglo-saxonnes ou asiatiques, par exemple.

Qu'on en juge : le mot "un" désigne à la fois l'article indéfini et la quantité "1", quand les Britanniques différencient "a" et "one".

Et que dire de notre aberrant "quatre-vingt-douze", tellement moins intuitif que le "nonante-deux" utilisé par nombre d'autres francophones !

Dernier exemple parmi tant d'autres : le "15" de "15 novembre" constitue-t-il une  quantité ou un rang? "November, the 15th", littéralement "le quinzième jour de novembre", s'avère bien plus explicite. "Cela peut sembler trivial, mais ça ne l'est pas du tout pour un enfant en bas âge", assure Rémi Brissiaud, chercheur en psychologie et auteur du livre Apprendre à calculer à l'école.

"Il faut donc être très rigoureux sur les choix des mots pour aider les enfants à comprendre les nombres."

Les mots !

C'est aussi le cheval de bataille de la pédagogue Stella Baruk, auteure de nombreux ouvrages sur l’apprentissage des maths. Sa méthode repose en partie sur le constat que trop d'élèves confondent le sens mathématique des mots avec leur signification usuelle.

Moralité : si vous voulez transmettre le goût des maths, réfléchissez bien aux mots que vous employez !

H.L.  

 

Garçons ou filles, qui préfère les maths ?

Même si les filles ont de meilleurs résultats que les garçons à l'épreuve de mathématiques du bac dans les filières littéraire et économique, en 2015, elles ne représentaient que 46% des candidats au bac scientifique, où elles ont obtenu des résultats légèrement inférieurs à ceux des garçons.

De nombreuses études ont montré qu'elles seraient victimes des stéréotypes. Ainsi, une expérience française publiée en 2007 a montré qu'elles réussissent mieux à reproduire une figure géométrique si on leur présente l'exercice comme... une épreuve de dessin.

E.A. 

 

Garçons ou filles, qui préfère le français ?

70 % des filles lisent durant leur temps libre contre seulement 52 % des garçons, lesquels préfèrent, à une écrasante majorité, jouer aux jeux vidéo. D'où les différences de niveau en français ?

Oui, mais pas seulement. La faute revient, là encore, aux stéréotypes !

L'idée selon laquelle les garçons seraient moins bons que les filles en lecture finirait par les rendre effectivement moins bons !

C'est ce qu'a démontré une récente étude française dans laquelle 80 enfants de 9 ans devaient en 3 minutes, identifier un maximum de mots désignant un animal à l'intérieur d'un texte.

Les chercheurs ont constaté que les garçons étaient moins performants que les filles quand l'exercice était présenté comme un test de lecture, et qu'ils étaient de niveau équivalent quand il était présenté comme un jeu.

E.A.

 

Faut-il s'empêcher de compter sur les doigts ?

Compter sur ses doigts et apprendre les tables de multiplication : voilà qui évoque l'école de nos grands-parents.

La modernité voudrait que l'on effectue exclusivement des opérations dans sa tête. Eh bien ce serait passer à côté des penchants naturels de notre cerveau !

D'abord, nos doigts sont naturellement liés au calcul : l’imagerie a montré que les circuits cérébraux qui régulent la représentation mentale des doigts sont étroitement connectés à ceux qui régissent les opérations arithmétiques. Ainsi, des personnes atteintes de lésions cérébrales au niveau du gyrus angulaire gauche (situé à l'intérieur du lobe pariétal ont à la fois des difficultés à faire des calculs simples et des troubles perceptivo-tactiles au niveau des doigts !

D'autres études ont également établi que la répétition. Comme celle des tables de multiplication, sollicite ce même gyrus angulaire gauche, justement active en particulier chez les experts en calcul.

Parmi les autres idées reçues, il en est une qui voudrait qu'il ne soit pas pertinent d'enseigner le calcul aux tout-petits.

Le psychologue Jean Piaget, dont les théories ont fortement influencé les systèmes scolaires, stipulait en effet que l'enfant ne pouvait commencer à apprendre à compter que vers 6 ou 7 ans.

En réalité, des expériences récentes ont établi que le cerveau est capable d'effectuer des opérations simples juste après la naissance. Des bébés âges de 4 jours seulement sont déjà capables de différencier 2 de 3, démontrant que le cerveau possède des la naissance des neurones dédiés au calcul.

LA VERTU DES BOULIERS

Autre enseignement, encore venu des neurosciences : les aires cérébrales impliquées dans le calcul sont étroitement connectées à celles activées pour la reconnaissance spatiale.

Ainsi. Une étude récente publiée a montré que lorsque nous calculons mentalement combien font 12 + 3. Le cerveau réagit de la même façon que s'il visualisait le passage de 12 à 15 sur une règle graduée. Pour le cerveau, le calcul mental s'apparenterait, dans une certaine mesure. à un déplacement spatial. Ce qui plaide pour l'utilisation dans les classes des supports pédagogiques mettant en évidence ce lien : bouliers, règles, dessins, jeux et logiciels éducatifs basés sur cette correspondance.

Pas seulement parce que c'est plus concret, mais parce que c'est comme cela que le cerveau traite les quantités !

Quant à l’évaluation des capacités mathématiques, les neurosciences permettent la aussi d'éviter une erreur très répandue qui consiste à confondre difficultés de lecture et difficultés en mathématiques. En effet, lecture et calcul sollicitent des circuits cérébraux différents. Un long énoncé difficile à lire pourra donc prendre en défaut un bon élève en maths !

P-Y.B.

 

Les garçons connaissent-ils davantage l’échec scolaire ?

À l'école, les filles sont meilleures que les garçons.

À l'entrée en 6°, 12 % des garçons ont déjà redouble, soit un tiers de plus que les filles.

Et, au baccalauréat, on note 85 % de réussite chez les filles contre 81 % chez les garçons.

Pourquoi un tel écart ?

Des facteurs sociaux seraient en cause.

Avec un personnel féminin prépondérant dans l'Éducation nationale et des mères plus présentes dans le suivi des devoirs, "l'école semble relever du registre féminin", analyse Stéphane Clerget, pédopsychiatre. Ce qui éloignerait les garçons de la scolarité.

Autre facteur : ils seraient moins éduqués à la discipline.

Des chercheurs de l'université Paris-8 ont montré que les assistantes maternelles leur coupent moins la    parole et les incitent moins au calme. Une agitation nuisible à la concentration.

Ceci suffit-il à tout expliquer? Peut-être pas. Des facteurs biologiques pourraient aussi intervenir.

Des chercheurs de l'lnstitut national américain de la santé mentale ont montré, IRM à l'appui, que certaines zones cérébrales (celles du contrôle de soi et de la planification, notamment) ne se développent pas à la même vitesse chez les deux sexes.

Quelques chercheurs avancent l'idée de différences naturelles entre leurs capacités cognitives, en se basant notamment sur des études montrant que les filles acquièrent plus rapidement le langage durant la petite enfance.

Une question qui reste débattue.

E.A.  

 

Comment éviter qu’un bon élève suscite l’animosité ?

Il n'y a pas d'étude scientifique portant précisément sur cette question, mais les chercheurs en psychologie de l’éducation ont leur idée sur Le sujet.

"Mon, hypothèse personnelle est qu’il faut arrêter d'étiqueter les enfants en bons et mauvais élèves. Car cela valorise l'estime des premiers et diminue celle des seconds, ce qui réduit la cohésion sociale de la classe et entraîne le rejet des uns par les autres", argumente Fabien Fenouillet, professeur en psychologie cognitive à l'université Paris-10.

Problème le système de notation français actuel favorise cette situation.

"Pour éviter au maximum cette discrimination, l'enseignant doit veiller à respecter l’estime de soi des élèves qui n'atteignent pas les niveaux standards requis, et à ne pas les dévaluer à tout bout de champ", reprend Fabien Fenouillet.

Quid de l'idée de regrouper les bons élèves d'un côté et les moins bons de l’autre pour éviter, le rejet lie au niveau scolaire ?

Cette solution n'est pas efficace sur le long terme, car il y a toujours des meilleurs que d'autres et, à terme, le même problème ressurgira", répond le professeur.

K.B. 

 

 

Précédente Accueil Remonter Suivante