Katia Vilarasau
01 2017
Neuro-éducation : de
nouvelles clés pour mieux apprendre
lssue de recherches en
neurosciences et sciences de l'éducation, la neuro-éducation vise à
créer de meilleures manières d'enseigner en les adaptant aux capacités
du cerveau et au fonctionnement cérébral.
Explications
Grâce aux progrès de l'imagerie fonctionnelle cérébrale et de la
neuropsychologie, ainsi qu'à la collaboration entre chercheurs et
pédagogues, les mécanismes à l'œuvre lors des apprentissages sont de
mieux en mieux connus.
« Les travaux en neurosciences menés auprès des enfants a développement
typique ou souffrant de troubles de la mémoire permettent de proposer
différentes stratégies », note Bérengère Guillery-Girard,
neuropsychologue et maître de conférences à l'Ecole pratique des hautes
études.
Ils ont pu démontrer, par exemple, que la phase d'encodage des
connaissances est facilitée lorsque l'enfant devient acteur de son
savoir. « L'inviter à exercer sa motricité ou à se documenter sur un
sujet avant de l'aborder en classe, comme le propose la pédagogie
inversée, accroît l'attention et la réceptivité », explique la
chercheuse.
Une aide au choix des méthodes
Certaines découvertes en neurosciences confortent ainsi des méthodes
pédagogiques, telles Montessori ou Freinet, et en invalident d’autres.
Les recherches de Stanislas Dehaene, professeur de psychologie
cognitive expérimentale au Collège de France, ont montré, par exemple,
que, lors de l’apprentissage de la lecture, mieux vaut opter pour
l'entraînement «phonique» : associant graphèmes (écrits) et phonèmes
(sons), c'est le seul capable d'activer des aires cérébrales impliquées
à la fois dans la reconnaissance des visages et dans le traitement du
langage parlé.
« Ces aires, contiguës et interconnectées, jouent également un rôle clé
dans l'apprentissage des langues, précise Brigitte Vincent-Smith,
professeure de didactique des langues étrangères, et co-fondatrice de
l'lnstitut de neurodidactique international.
Il a été prouvé que les enfants apprennent naturellement leur langue
maternelle par le biais des mimiques, de l’intonation et du rythme de la
voix. Les étudiants en langues étrangères auraient donc tout à gagner à
privilégier les méthodes orales. »
Les interactions sociales participent à l’élaboration de
la mémoire
Déterminants de la mémorisation
De même, les études sur le développement de la mémoire chez les enfants
ont établi que l'apprentissage par l'erreur n'est pas pertinent pour les
plus petits. « Chez eux, la mémoire épisodique n'est pas encore très
développée, commente Bérengère Guillery-Girard. Si on ne leur propose
pas assez vite des solutions, ils peuvent répéter les erreurs sans
pouvoir les corriger, avec le risque de les enregistrer ».
Autre découverte importante : les neurones miroirs.
« Ils s'activent aussi bien quand on exécute un geste que lorsque l'on
observe cette même action chez l'autre, souligne Brigitte Vincent-Smith.
En intervenant dans les processus d'imitation, d'expérimentation et
dans les relations, ils favorisent la compréhension et la participation
dans le groupe classe. ».
De la même manière, les interactions sociales participent à
l’élaboration de la mémoire. « Chez les enfants, la mémoire des
souvenirs est encore peu organisée. Leur fournir un axe chronologique
lorsqu'ils racontent un événement permet de la structurer », conseille
Bérengère Guillery-Girard.
Enfin, les neurosciences confirment certaines intuitions : si le stress et
l’anxiété fragilisent les processus de mémorisation, les émotions
positives, humour et le jeu facilitent, pour leur part, les
apprentissages.
Katia Vilarasau
Le "déclic" de la compréhension, avec le support des
représentations graphiques, qui permet d'aller plus loin a-t-il pu
être analysé dans le cerveau ?
Daniel Clerc
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